Ángel Caballero/Mira a cámaraIl appartient à l'une des dernières générations de jeunes acteurs que ce pays nous a donné. Il a commencé à travailler à quinze ans, a été découvert dans Physique ou Chimie, il a les idées très claires et il n'est pas disposé à attendre assis que le téléphone sonne, car comme il dit : "il faut se bouger". Maintenant nous sommes devant un Javier Calvo plus adulte qui se prépare à revenir au milieu dans lequel il a commencé, le théâtre, avec la pièce l'Aurore.
Mira a cámara: J'ai lu que tu as commencé à faire du théâtre, ni plus ni moins qu'à l'âge de onze ans.
Javier Calvo: Oui, mais c’était du théâtre très amateur. Ce fut le premier contact que j'ai eu avec le monde du théâtre. Je vis à Las Rozas et j'ai rejoint une compagnie de théâtre là-bas, où tous étaient adultes et j’étais le seul gamin, du coup j’interprétais toujours tous les personnages d’enfants. Mon père a signé une autorisation pour aller de village en village, faire des représentations.
M.a.c: Donc, il semble certain qu’un acteur se forme sur les planches ...
J.C: Je pense que chaque acteur a son univers, et chacun agit de manière différente. Il n'existe aucun modèle à suivre pour devenir un bon acteur, car il ya de grands professionnels qui n'ont pas beaucoup fait de théâtre. Ce qui est certain, c'est que c’est un bon départ et peut être considéré comme une bonne école.
M.a.c: Maintenant tu reviens au théâtre après quelques années. Comment se sont passé les retrouvailles avec le milieu ?
J.C: Nous sommes toujours en répétitions et travaillons sur les personnages. J'avoue avoir peur de retourner sur scène, devant le public et renouer avec ces sentiments. Je suis également très heureux d'être en mesure d’interpréter un aussi bon texte, accompagné de grands partenairs.
M.a.c: Que peux-tu dire sur ce projet?
J.C: C'est une pièce qui se nomme Aurora, et se déroule en Espagne dans les années trente. C'est un drame émouvant sur des sujets sensibles et assez fort, mais je pense que vous l'aimerez beaucoup.
M.a.c: Quand as-tu commencé à prendre un contact plus professionnel avec l'industrie ?
J.C: J'étais dans mon cours de théâtre à Las Rozas, et une fille de Kuranda est venue nous dire qu'ils allaient faire un casting de "nouveaux visages", et que ceux qui voulaient pouvaient y participer. Sans trop savoir où ça mènerait, j'ai fait les tests et ils m’ont pris. J'étais sur mes quatorze, quinze ans quand je suis entré sur Physique ou Chimie.
M.a.c: Quelle est la meilleure chose qui te soit jamais arrivé grâce à cette série?
J.C: À FoQ ... Je dois beaucoup. J’étais très jeune quand je suis entré dans la série et j'ai grandi avec elle. J'ai mûri en même temps que mon personnage mûrissait, et j’ai beaucoup appris, non seulement en tant qu’acteur, mais aussi comme personne. J'ai aussi eu la chance d'avoir des expériences que n'ont pas généralement les enfants de cet âge, et qui m'ont aidé à me définir comme une meilleure personne.
M.a.c: J'imagine que tu as également eu à sacrifier d'autres choses. Quels en a été les conséquences?
J.C: Nous savons tous de quelles choses il s’agit. C’est très dur, parfois, tu ne peux pas marcher dans la rue et tout ça, mais je préfère garder les bonnes choses. Ce travail a été un point tournant dans ma vie et ma carrière, il m'a beaucoup donné, et je dois en être reconnaissant.
M.a.c: Tu es l'un des rares acteurs qui n'a pas encore renoncé à Physique ou Chimie. Ça ne te fait pas peur d’être catalogué?
J.C: Je pense à cela depuis longtemps et je sais que c'est une chose qui est là, mais je crois que d’ "être catalogué" est déjà un peu passé de mode. Avant les choses se présentaient différemment, et la télévision et le cinéma n'étaient pas si proche, comme maintenant. Le vrai problème n’est pas que les gens te cataloguent, mais les limites que tu te mets en tant qu’acteur. Quand tu passes pas mal de temps dans un endroit, que tu t’y sens bien, tu oublies que tu peux faire d'autres choses.
M.a.c: Tu interprètes un jeune homosexuel dans un lycée. As-tu observé le travail d'autres collègues, comme celui d’
Alejo Sauras dans "Al salir de clase", pour préparer ton personnage ?
J.C: Non pas que j'ai regardé le personnage d’Alejo pour créer mon rôle, c'est que j'ai grandi avec cette série. Je n'ai jamais observé d'autres personnages pour le fait qu'ils soient gays. Dans mon cas, quand j'ai préparé mon rôle, j'ai analysé toutes les caractéristiques que le personnage avait et l'une d'elles était qu'il était homosexuel. Je n'ai jamais concidéré que son axe central était son orientation sexuelle. Je pense que si tu mets en avant le fait qu’il soit gay, avant même sa personnalité, alors tu peux vite tomber dans les stéréotypes.
M.a.c: Est-ce que ça te gêne si le public confonde l'acteur avec le personnage ?
J.C: Non, parce que c'est quelque chose que je comprends parfaitement. Ce qui me plairait, c'est qu’au fil des années, on me reconnaisse pour ma carrière et non pas pour un travail que j’ai réalisé.
M.a.c: Tu t'exprimes et réponds très bien aux questions. Certaines séries proposent un conseiller qui t’apprend comment contrôler ces situations, et gérer la presse. Est-ce ton cas?
J.C: Pas du tout. Ce qu’ils ont fait c’est me mettre un coach lorsque nous avons commencé, pour m’aider à développer le personnage. Nous avons également été réunis tout un mois avant de commencer le tournage, pour nous laisser se connaître et créer une dynamique de groupe. Pour ce qui est de répondre aux questions, je l’ai appris à force d’interviews que j'ai réalisées au cours des années.
M.a.c: Penses-tu qu’être vu dans certains événements est un bon moyen de promouvoir ta carrière?
J.C: Je ne le sais pas. Je vais aux premières et aux autres évènements car j’en ai envie et non pas pour me promouvoir. J'essaie de sélectionner les endroits où je vais, soit pour me retrouver avec quelques amis, pour voir un film qui m'intéresse, ou tout simplement pour m'amuser. Je me souviens au début, car c'était nouveau, être allé au showroom en étant habillé pour ces événements, mais maintenant, j’y vais habituellement toujours avec mes propres vêtements et ne pense pas trop à ce que je vais mettre.
M.a.c: Tu as la reconnaissance du public, mais aimerais-tu avoir celle de la critique?
J.C: Quand tu fais une série d'adolescents c'est très facile pour beaucoup de gens de ne pas te prendre au sérieux en tant qu’acteur, indépendamment de la qualité de ton travail, ou de la production dans laquelle tu es. Je pense que nous faisons un excellent travail, mais je comprends que si tu veux qu'ils t'évaluent tu dois l’intégrer avec d'autres projets. Oui je cherche cette reconnaissance et c’est pourquoi je suis si excité au sujet de la pièce que nous préparons, car c'est très différent de ce que j'ai fait durant toutes ces années.
M.a.c: Tu as fait quelques courts métrages. Penses-tu que c'est une bonne façon de prendre de l’expérience?
J.C: Non seulement ça, mais on peut beaucoup apprendre aussi. J'ai travaillé avec des réalisateurs qui ont un talent énorme et je sais qu'ils feront de grandes choses. Un autre avantage du court métrage c’est que tu peux travailler avec moins de pression que sur le tournage d’un film ou à la télévision. L'atmosphère est plus détendue et tu n'as pas tant de responsabilité. Nous devons encourager le public à voir plus de courts métrages, car il ya beaucoup de petites histoires, qui en fait en sont des grandes qui valent le détour.
M.a.c: Quels critères suis-tu au moment de choisir un projet de court métrage?
J.C: J'aime les films, je suis un grand amateur et sais reconnaître quand une histoire me plaît. Je crois que j'ai un assez bon critère pour ça.
M.a.c: Comment prépares-tu tes personnages?
J.C: La plupart du temps en me laissant guider par mon intuition. Je lis le script et essaye de comprendre le personnage, savoir pourquoi il fait ce qu'il fait, et pense comme il pense. J'ai l'habitude de me laisser emporter par ce que j'ai ressenti quand j'ai lu le script. Puis quand je l'ai lu à plusieurs reprises et que j'ai l'essence du personnage, j’essaie de parler avec le directeur pour créer sa vie et le passé qu'il a eu. Une fois que j'ai fait toutes ces expériences, je commence à vivre son présent.
M.a.c: As-tu peur à la pensée que ta carrière pourrait finir ici?
J.C: C'est quelque chose, comme tout le monde, qui te passe par la tête. La seule chose que je peux faire à ce sujet pour que ça n’arrive pas, c'est d'essayer d'apporter quelque chose de différent en tant qu'acteur. Je pense que si tu donnes quelque chose de différent tu ne resteras pas sur le bord de la route, parce que tu ne seras pas considéré comme un de plus. Je ne suis pas un de ceux qui peuvent rester assis à attendre que le téléphone sonne. Il faut se bouger, et si ma carrière se termine ici, j’irai en Angleterre ou en France et essayerai de continuer là-bas.